DIY - Construire un meuble vélo soi-même.
22 Mars 2022
Le commencement…
Nous sommes beaucoup à nous rendre au bureau à vélo.
Où je travaille, chez Les-Tilleuls.coop, nous n’échappons pas à la règle non plus :)
Avec un collègue et ami, nous faisons régulièrement la route ensemble, puisque nous habitons à quelques rues l’un de l’autre. Dans son salon, se trouvent 2 suspenseurs muraux pour vélo, l’un au-dessus de l’autre. Seulement son mur est en réalité un placo sur rail, et un jour… craaac le plâtre à cédé, et laissé place à un trou au niveau d’une des fixations. Ce type de mur n’est pas idéal, le tout commence à s’arracher avec le poid… Quant à moi, je suis locataire, alors, je vais éviter d’arracher le mur à mon tour xD
Nous voulions trouver un meuble support vélo qui ne se fixe pas au mur, et qui puisse servir de rangement également. Et bien… on ne peut pas dire que le choix nous étouffe… Et les quelques meubles trouvés sont soit des concepts jamais produits, ou à des prix exorbitants, soit des objets pas très beaux.
Celui-ci vous en coûtera la modique somme de 2200€…
Dans notre cahier des charges, le meuble devait non seulement servir à ranger un vélo, mais aussi être compact, servant de vide poche. ranger le casque, les gants, les chaussures, l’antivol, etc. et qu’il ne soit pas trop moche. Rien que ça.
Après quelques heures de feuilletage de catalogue, nous avons jeté notre dévolu sur une concept design de Marc Brosseau.
Le concept
Le concept le voici :
J’ai contacté le créateur du concept afin de savoir si ce produit était commercialisé ou non, mais je n’ai malheureusement jamais reçu de réponses.
C’est donc à partir des croquis et en y ajoutant quelques touches personnelles que j’ai commencé à réfléchir à un prototype et fait mes propres dessins. J’ai essayé d'anticiper les problèmes, puis de dessiner des plans techniques.
Les problèmes
Problème numéro 1. la méthode
J’ai déjà manipulé pas mal d’outils et sais m’en servir, comme un débutant, mais ce n’est pas l’inconnu. Mais ! Je n’ai jamais eu à concevoir de meuble entier, et il y a des choix à considérer comme le matériaux, le poids, l’équilibre, la répartition et la distribution de la charge (sinon avec le poids du vélo ça se casse la gueule vers l’avant), et comment fixer le tout ! Je doute qu’un ni-clou ni-vis suffise.
S’inspirer des plus grands et des meilleurs !
J’ai donc commencé par parcourir Google et YouTube à la recherche des techniques pour joindre des parties de meubles.
Si vous avez le malheur de taper “japanese joint wood”, c’est du p*rno pour menuisiers ! C’est si satisfaisant ! Bon, et le prix d’une scie japonaise ou de bons outils en général pour obtenir ces résultats (sans compter l’expertise et la précision requise) m’ont vite mis un gros stop. Je finirai par me jeter à l’eau mais peut-être pas pour un premier essai. Pour les curieux une petite vidéo déjà bien satisfaisante :
Je suis également tombé sur une pépite, le Jamy Gourmaud de la menuiserie ! Olivier Verdier. Sa chaîne est incroyable ! Cet Auvergnat va vous donner envie de travailler le bois ! Vous êtes prévenu. J’y ai perdu quelques heures d’insomnies x)
Bon clairement, je suis sous-équipé. En tout cas, pour faire le meuble de mes rêves, je dois revoir mes prétentions à la baisse.
Parmi toutes ces techniques de jointerie, il y en a une qui m’a marqué cependant : celles avec les baguettes rondes traversantes. Ça ne vous rappelle pas une grosse usine qui vient du Nord ? Si, jaune et bleue ? :D
Et si on utilisait des tourillons ? Aller, vendu ! C’est invisible, ça fonctionne, c’est “peu” cher, et surtout à notre portée.
Problème numéro 2. les plans.
Petit, j'ai eu une période de modélisme. Lorsque l'on veut construire un modèle de bateau, par exemple, il faut acheter les plans. Et j'ai rencontré toutes sortes de plans, certains détaillent chaque pièces une à une, leurs dimensions, parfois à l'échelle 1/1, c'est-à-dire taille réelle. Pour débuter c'est idéal, mais pour les grands débutants il peut aussi y avoir des instructions de montage. Le rêve !
Le niveau 2, sont les plans détaillés mais sans instructions, il faut user d'un peu de logique pour l'assemblage.
Niveau 3, les plans sont à une échelle réduite. Il faut commencer à calculer un peu pour redimensionner à la taille souhaitée.
Enfin le niveau 4, seules quelques pièces sont dessinées, celles qui n'apparaissent pas sont à déduire du modèle, et à l'aide de quelques calculs en croisant les valeurs que l'on connaît déjà. Là ça demande une petite gymnastique. Mais c'est aussi de là que l'on tire la satisfaction de la réussite de notre réalisation.
Là je n'ai rien du tout sinon les croquis, c'est le niveau max.
Je suis donc parti des dimensions d'un cadre de vélo pour définir la hauteur entre la boîte de rangement et le support du cadre.
Pour la profondeur, une taille moyenne de guidon, sachant que si nécessaire (guidon trop large) on peut simplement bouger le meuble pour l’écarter du mur.
Pour la largeur, il faut considérer l’espacement disponible dans le cadre du vélo : ni trop grand, ni trop petit. 30cm environ suffisent pour soutenir le vélo par son cadre.
Pour la taille de la boîte de rangement, j'ai voulu qu'elle fasse à peu près un tiers de la hauteur.
Pour l'ouverture de la porte, le meuble ne pouvait pas être à même le sol, il faut des pieds. Pas trop grands pour ne pas créer de déséquilibre. Pour éviter que le meuble n'ai tendance à se pencher, voire tomber en avant, j'ai pensé que des pieds formant un angle, pour être redirigé vers l'extérieur, seraient idéaux.
J'ai fait un mini croquis et commencé à tester quelques mesures au hasard. Puis j’ai affiné les dimensions petit à petit, jusqu'à avoir quelque chose de satisfaisant, et d’imaginer ce que cela nécessiterait comme matériel. Matière première comme outillage.
Problème numéro 3. le matériel et les matières premières.
Chez moi j’ai 2 tournevis, 1 marteau, et… c’est tout. Ce n’est pas du tout suffisant et je préviens, il faut être un peu équipé, ou se faire prêter le matériel :)
Par chance, mon frangin aime bricoler et a monté un petit atelier pour le bois chez mes parents. Ce n’est pas un atelier de menuisier, mais on y trouve de quoi poncer, scier, percer. Et surtout de l’espace.
Nous avons juste acheté les consommables : lames de scies, mèches pour percer, colle néoprène, papier ponce.
Pour les matières premières des planches de 20mm d’épaisseur pour les flancs et le fond, de plus minces (16mm) pour les planches de la boite et du vide poche. Des baguettes rondes de 30mm de diamètre pour les chevilles qui s’inséreront dans les prises au centre pour suspendre des affaires, des sachets de tourillons, de 10mm pour fixer le fond aux flancs, et de 6mm pour les planches, des pieds de meubles coniques et des inserts m8 à frapper (pour les pieds), de la peinture et du vernis incolore et teinté, et enfin des charnières universelles à visser (c’est important, nous n’avons pas de défonceuse).
La réalisation
Nos erreurs en vrac:
- Le bois contreplaqué c’est un peu cher, et pas si bien. Peut-être qu'un OSB ou un Mélaminé aurait été plus adapté, ou du massif si vous avez le portefeuille !
- Le vernis teinté, c’était pas la bonne idée, j’ai fini par tout poncer à nouveau et peindre le tout finalement. Le vernis non colorant est pas mal si vous souhaitez conserver l’aspect bois.
- Les inserts à frapper, ça ne tient pas, optez plutôt pour un insert à tête plate, ou alors encollez les inserts.
- Pour les trous des tourillons, tirez un trait au centre de l’épaisseur puis les traits verticaux répartis sur la longueur, et percez un peu plus que nécessaire pour laisser la place à la colle. De plus, le choix du contreplaqué avait tendance à guider la mèche entre les plaques, et par inexpérience, nos perçages manquaient de précision…
- Pour garantir que les pieds s’orientent bien vers l’extérieur du meuble, vissez les aux inserts, et marquez-les et numérotez-les ainsi que le dessous de la planche du fond pour tout aligner au moment du montage.
- En fonction de la force mise et de la (non)qualité du matériel, une scie sauteuse à tendance à trancher de travers. C’est rattrapable, mais si par facilité, j’inverse le sens de coupe, je me retrouve avec une découpe qui penche d’un côté puis de l’autre. Et ça, à rattraper, c’est galère. Le top c’est une table de coupe, ou une scie circulaire pour les longueurs. On terminera la découpe de toute manière à la scie sauteuse ou à la défonceuse si vous avez. Sachez d’ailleurs qu’il existe des entreprises en ligne, vous envoyez votre schéma, les dimensions et elle vous livre le produit fini et impeccable ! Mais où est le fun ^^'
- Ne poncez qu’en tout dernier, on ne veut pas réduire de matière que l’on regretterait d’avoir enlevé ! Et surtout pour les petits arrondis d’angle. On en enlève toujours trop.
Une fois que nous avions tout réuni, il était temps de s’attaquer à la fabrication :)
Des images valent 1000 mots, alors voici 5 journées de travail.
Et chose promise voici les plans : clic
Merci de m’avoir lu et bon bricolage !
Si vous êtes menuisier et que vous avez lu ce billet, contactez-moi :)